Monkey D. Luffy, plus qu'un simple pirate?

Le problème Monkey D. Luffy

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À peine un mois après son retour remarqué sur l’archipel des Sabaody, le pirate au chapeau de paille, fils de Dragon le Révolutionnaire et petit-fils de l’ancien vice-amiral Garp, s’est rendu coupable hier d’une nouvelle provocation de taille à l’encontre des Autorités Mondiales. Car il ne faut pas se méprendre, l’acte de Monkey D. Luffy est un acte éminemment politique.

Qu’on ne se trompe surtout pas sur un point : Monkey D. Luffy ne se préoccupe absolument pas de la population civile de Dressrosa. L’ampleur des destructions qu’a connues le pays montre bien que la bataille qui a eu lieu hier était avant tout un duel entre pirates pour lesquels aucun crime n’est de trop, pourvu qu’il permette de l’emporter sur son adversaire. Aujourd’hui, et alors que le bilan humain est encore impossible à établir, la population martyre de Dressrosa célèbre, dit-on, sa liberté. Il faudra pourtant un jour se pencher sur le prix de cette liberté ensanglantée par la folie furieuse d’un homme prêt à tout pour en découdre, quitte à laisser derrière lui une montagne de cadavres et un pays en ruines.

Car, en ayant provoqué un duel à mort contre une figure emblématique de l’ordre des Grands Corsaires, c’est évidemment le Gouvernement Mondial que Monkey D. Luffy s’est une fois de plus évertué à combattre. Cet acte, s’intégrant dans la droite lignée de tous ses autres, montre si cela était encore nécessaire que le pirate au chapeau de paille est bel et bien au service de son père et de son armée d’assassins « révolutionnaires », mais surtout qu’il représente aujourd’hui un danger absolument majeur pour toutes les populations civiles du Nouveau Monde.

L’émergence du « pirate révolutionnaire »

Afin de comprendre tout l’enjeu pour les Hautes Autorités du problème posé par Monkey D. Luffy, il n’est pas inutile de revenir en quelques mots sur ses faits d’armes les plus tristement célèbres. En provenance de la mer d’East Blue, son équipage accumule les méfaits lors de son parcours de GrandLine et permet au capitaine d’écoper d’une prime de 100,000,000. Mais la véritable histoire du pirate révolutionnaire commence lorsque, se montrant enfin pour ce qu’il est, il se décide il y a deux ans à envahir et à partiellement détruire l’île judiciaire d’Enies Lobby, en profitant au passage pour brûler sciemment un drapeau du Gouvernement Mondial. Ce jour-là, Monkey D. Luffy a déclaré une guerre au Gouvernement qu’il continue de mener aujourd’hui. Plus grave encore, il effectuera quelques mois plus tard un acte à la portée symbolique majeure en agressant avec une sauvagerie inouïe le Très Noble Saint Charlos ainsi que son père, le Très Noble Saint Roswald, sur l’archipel des Sabaody. Continuant d’échapper par miracle à la Marine, on le retrouvera ensuite sur la place de Marineford où il prendra part à la Guerre du Sommet aux côtés de Barbe Blanche et du révolutionnaire Emporio Ivankov. Puis, après un silence de 2 ans pendant lequel tout le monde le croit mort, il revient finalement et se lance à corps perdu dans un combat avec un membre éminent des Grands Corsaires, au mépris absolu de la population meurtrie de Dressrosa.

Le Chapeau de Paille n’est pas qu’un simple pirate, et la menace qu’il représente aujourd’hui n’est plus seulement le problème de l’amiral en chef Sakazuki. Car ce sont les Cinq Doyens eux-même qui sont in fine visés. Monkey D. Luffy est le fils de Dragon. Son activité pirate cache en réalité une stratégie claire de la part des Révolutionnaires – celle de rallier le monde de la piraterie, par essence égoïste et désordonné, à sa cause.

L’ordre des Grands Corsaires comme arme politique

Il y a deux ans, l’ex capitaine Corsaire Jinbei avait pris part à la Guerre du Sommet aux côtés de Monkey D. Luffy. Aujourd’hui, c’est Trafalgar Law, lui aussi membre des Grands Corsaires, qui semble servir les projets de l’homme au chapeau de paille. On commence donc bien à voir que, pour Monkey, l’ordre du Shichibukai est un instrument de pression politique dont on comprend d’ailleurs fort bien l’enjeu.

Puisque le but est d’affaiblir le Gouvernement par tous les moyens, il est logique de le voir s’attaquer de front à l’ordre des Grands Corsaires, qui reste quoi qu’on en pense un élément essentiel de l’Equilibre des Pouvoirs. Or, la destruction de cet ordre peut se faire de deux façons : l’on pourra soit convertir les Corsaires à la cause Révolutionnaire (comme ont été endoctrinés Jinbei ou Trafalgar Law), soit combattre par tous les moyens ceux qui refuseront de se soumettre à Dragon.

D’où les évènements dramatiques d’hier, que l’on aurait tort de voir comme un simple règlement de comptes entre pirates.

Au final, les extrêmes se rejoignent et il est assez logique de voir les Révolutionnaires, qui se savent de plus en plus acculés par les forces armées du Gouvernement, tenter de rallier le monde de la piraterie à leur cause. Ce que l’on redoute évidemment le plus, c’est de voir Monkey D. Luffy continuer son parcours en parvenant à mettre sous sa coupe un nombre sans cesse croissant d’équipages pirates. Car le jour où cet homme possédera toute une flotte sous ses ordres, le monde sera alors en très grave danger.

Docteur en science politique de l'Université de Loguetown, Hecker a été pendant plus de 10 président de la Ligue Mondiale pour la Paix, avant d'entrer à la rédaction de la revue Le Poing. Ce spécialiste de l'histoire et du monde de la piraterie officie pour le GrandLine Times depuis 1520.