Pour Henri-Bernard Vel, les Grands Corsaires sont un mal nécessaire

Non, l’ordre des Corsaires ne doit pas disparaître

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Le philosophe et sociologue Henri-Bernard Vel a tenu à adresser à nos lecteurs une mise au point en réaction à notre article d’hier « Pour une disparition définitive du Shichibukai ». Le GrandLine Times lui ouvre donc obligeamment ses colonnes.

Je souhaiterais avant toute chose profiter de l’occasion qui m’est offerte de m’exprimer afin d’apporter mon soutien le plus complet et mes condoléances les plus sincères à toutes les victimes de la tyrannie, où qu’elle se trouve. Aujourd’hui, toutes mes pensées vont vers la courageuse, meurtrie et téméraire population de Dressrosa qui nous rappelle que, malgré la  tragédie et les drames, la Liberté et la Justice finissent toujours par l’emporter.

Je note toutefois que l’émotion provoquée par les tragiques événements de mardi a manifestement poussé certains confrères à la déraison, et je tiens ici à m’opposer vigoureusement à l’article que j’ai pu lire hier dans le GrandLine Times, publication par ailleurs peu habituée à ce genre de dérapages.

Les propos publiés hier par le Times sont graves et dangereux. Ayant comme chacun sait travaillé de longues années au sein du Gouvernement Mondial en tant que Conseiller Spécial  contre la piraterie, le citoyen éclairé que je suis se doit de rétablir ici une vérité qu’il serait tragique d’oublier. Est-ce mon sens aigu de la Justice ? La responsabilité que je sais être mienne dans la Grande Lutte des Peuples vers la Liberté ? Toujours est-il que je me dois de partager tout le malaise que la lecture de cet article a provoqué chez moi.

Non, l’ordre des Grands Corsaires ne doit pas disparaître. Il est même encore aujourd’hui essentiel afin d’assurer la pérennité d’un monde devenu fou.

Quoi qu’en pensent certains idéalistes à la plume douteuse, il serait peut-être temps de contempler notre société avec réalité et pragmatisme. Il n’est malheureusement pas nécessaire de rappeler ici à quel point notre monde peut être brutal. Les forces de la piraterie sèment le chaos partout où elles passent tandis que les Révolutionnaires œuvrent dans l’ombre afin d’instaurer une grande Tyrannie Mondiale. Ces deux mouvements, qui sont les deux faces d’une même pièce, empêchent l’Humanité de prendre son envol. Dans ce grand combat pour la liberté, nous avons besoin – mais faut-il encore le rappeler ? – de toutes les forces disponibles.

Au risque de choquer les utopistes de tous bords, il est important de rappeler que la chose politique est avant tout affaire de pragmatisme. Que l’on observe alors l’ordre des Grands Corsaires sous cet angle : qui connait mieux le milieu de la piraterie que des pirates eux-mêmes ? Les sept corsaires n’ont-ils pas joué un rôle déterminant lors de la Guerre du Sommet ? Portgas D. Ace n’a-t-il pas été capturé par un Shichibukai ? Edward Weevil n’est-il pas régulièrement victorieux contre les équipages s’étant rendus coupables d’alliance avec le terrible Edward Newgate ? Pour un seul scandale Dressrosa, combien de pirates mis sous les verrous, combien de pays délivrés, combien de vies sauvées, combien de projets déjoués par les informations rapportés du Monde Souterrain ? Ce qu’apporte les Corsaires ne saurait se quantifier, et  leur coopération toujours plus grande avec le Cipher Pol et la Marine empêchent régulièrement de nombreux projets démoniaques d’aboutir.

Le système du Shichibukai est-il parfait? Il serait idiot de prétendre le contraire, et le drame de Dressrosa vient nous le rappeler avec une infinie tristesse. Mais le GrandLine Times croit-il sincèrement que cet ordre a été créé par gaîté de cœur? L’auteur de l’article pense-t-il une seule seconde que le Gouvernement Mondial reste insensible aux cris de détresse des habitants de Dressrosa? L’homme de raison que je suis aimerait ne pas avoir à en douter.

Nous sommes actuellement en guerre, et cette guerre nous a été imposée. Elle apporte chaque jour son lot de souffrance, de victimes, de destructions, de morts. Et quel est aujourd’hui le seul et unique rempart pour faire face au Mal qui ronge chaque jour un peu plus notre civilisation? C’est évidemment notre organisation politique, source pour nous tous d’Unité et de Sécurité. Sans notre Gouvernement Mondial, point de salut.

Il n’est pas difficile de comprendre que critiquer ouvertement la politique du Gouvernement revient à faire le jeu des Révolutionnaires. La presse du monde entier doit prendre conscience que si elle a bien évidemment des droits, elle a aussi et surtout des devoirs. Or, le premier de ces devoirs est celui de soutenir jour après jour le Gouvernement Mondial dans sa grande lutte pour la libération et l’unification des peuples.

Le GrandLine Times est, je le crois, un grand journal. Or, le premier signe de grandeur est de reconnaître ses propres erreurs. Hier, le Times a gravement dérapé. Certains propos ne peuvent pas, ne doivent pas se retrouver dans les colonnes de journaux à grand tirage, que j’invite par ailleurs humblement à réfléchir aux conséquences de leurs actes.

Agrégé de philosophie, écrivain, sociologue, activiste. Il fonde la revue « La Règle », et est dans le même temps éditorialiste au journal « Le poing » dès 1510. Depuis son premier voyage sur GrandLine, il n’a cessé de mettre son énergie et son courage au service des causes qu’il estime justes. Henri-Bernard Vel est de tous les combats pour la dignité de l’être humain, et il maintient la tradition des écrivains engagés dans l’action et les idées.