Karro Fourrey, présidente de la Ligue Mondiale pour la Paix

Karro Fourrey : « Big Mom est une personnalité névrotique »

/
1005 vues
Lecture : 9 min

Le territoire de Totto Land, administré d’une main de fer par les Pirates de BigMom, reste l’un des endroits les plus secrets et reculés de la planète. Qui est Charlotte Linlin, comment est organisé son empire, comment survit sa population ? Autant de questions que nous avons posées à Karro Fourrey, présidente de la Ligue Mondiale pour la Paix.

En ces temps troublés, le régime de l’impératrice pirate tente de soigner son image, notamment au moyen d’une propagande savamment entretenue. Totto Land possède son propre journal, le sinistre Totto Land News. Le GrandLine Times y est de fait interdit, puisque notre service de livraison News Coo est systématiquement pris pour cible à l’approche de la zone d’influence pirate.
Ce que l’on sait pour le moment de l’empire de Big Mom est maigre, mais les témoignages recueillis ces derniers jours nous en apprennent énormément, et des équipes du Cipher Pol sont actuellement en train d’interroger l’ensemble des réfugiés accueillis récemment par le Gouvernement Mondial. Qui est donc Charlotte Linlin, la sinistre impératrice pirate Big Mom ? C’est ce que nous avons tenté de savoir en interrogeant Karro Fourrey, experte en piraterie et présidente de la Ligue Mondiale pour la Paix.

GLT : L’imagerie populaire voit souvent Big Mom comme une pirate sanguinaire et monstrueuse. Mais quel est, concrètement, le profil psychologique de Charlotte Linlin ?
Karro Fourrey : Nous avons clairement affaire à une personnalité névrotique, sans doute née de carences affectives dans l’enfance. Nous en savons très peu sur elle, tout juste sait-on qu’elle a grandi sur l’ile des Géants, Elbaf. Cette histoire est connue de tous les Géants : Linlin, alors encore enfant et déjà odieusement capricieuse, a de façon répétée causé d’importantes destructions sur l’île. Il est aujourd’hui connu que la pirate Big Mom et les Géants dans leur ensemble ne font pas bon ménage.

Beaucoup de réfugiés ont confirmé que, hormis les Géants, de très nombreuses races coexistent à Totto Land…
C’est vrai, et c’est malheureux. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Linlin règne sur son territoire comme une petite fille joue à la poupée. Comme l’enfant qu’elle n’a jamais cessé d’être, elle vit dans un monde imaginaire dans lequel elle pense que toutes les races peuvent coexister. Elle prétend que la haine millénaire que se vouent mutuellement les tribus des Longs-Bras et des Longues-Jambes n’existe pas. Elle efface de la réalité la si compliquée cohabitation des Humains et des Hommes-Poissons. Son territoire est à l’image de sa psyché : une prison aux murs couleur rose bonbon où, dans sa lubie, elle force à coexister des populations qui, le plus souvent, ne peuvent pas vivre côte-à-côte.

Vous dites que la psychologie de Charlotte Linlin est restée au stade de l’enfance, ce qui tendrait à expliquer ses excès de rage incontrôlables. N’y-a-t-il pas de moyens, comme pour tous les enfants, de la « calmer » ?
Pour calmer les caprices de cette femme, il lui faut manger. Sans arrêt. Certains témoignages font effectivement état d’une fureur meurtrière lorsque Linlin ne parvient pas à mettre la main sur le plat qu’elle désire. Il existerait sur chaque île de l’archipel Totto Land des ‘ministres’, un par ingrédient. Chacun a pour seule et unique fonction de produire et stocker l’ingrédient qu’il devra ensuite pouvoir fournir à tout moment, quel qu’en soit le prix. Car, lorsque la pirate a faim, elle exige une recette bien précise et ordonne qu’on la lui prépare.

L’empire de Linlin est-il auto-suffisant d’un point de vue alimentaire ? On parle de sous-alimentation généralisée…
Tout à fait. La distribution de nourriture est très réglementée, et la quasi-totalité des vivres de l’île est destinée à Linlin. On sait que Totto Land, pour subvenir à ses besoins, organise des raids réguliers sur différentes îles, parfois très éloignées géographiquement, dans le seul but de piller des ressources alimentaires. Des rançons sont également souvent exigées, sous peine de représailles toujours sanglantes et extrêmement sauvages.

Ce qui surprend le plus, lorsqu’on vous écoute, c’est le paradoxe total entre la description que vous faites de Charlotte Linlin, que vous décrivez comme une sorte d’enfant gâtée, et l’image qu’a le grand public de la terrifiante impératrice pirate Big Mom….
Ne vous méprenez pas, cette femme est indiscutablement une redoutable pirate, violente, expansionniste et organisée. Big Mom possède un réseau énorme qu’elle a noué grâce à un jeu d’alliances stratégiquement orchestré. Elle force ses enfants, fils comme filles, à se marier à de puissantes familles de la pègre ou de la piraterie afin d’étendre constamment sa sphère d’influence. Chaque mariage est célébré comme il se doit par une « Tea Party », orgie boulimique caricaturale. D’après nos estimations, Linlin aurait engendré entre 70 et 100 enfants, toutes races confondues. C’est ce qui rend l’équipage des pirates de Big Mom si singulier et si puissant. Sa place parmi les Empereurs du Nouveau Monde est indiscutable.

Il y a donc peu d’espoir de pouvoir libérer la population de Totto Land un jour…
C’est malheureusement pour le moment impossible. Les forces de la Marine ne sont tout simplement pas suffisamment puissantes pour mener une guerre à l’empire de Big Mom. Celui-ci est trop structuré, organisé, armé et technologiquement avancé pour tenter une approche frontale. Aussi insupportable que cela nous semble, il n’est rien que nous puissions faire pour les habitants de Totto Land à l’heure actuelle.

C’est une perspective peu réjouissante…
Je vous comprends. Pourtant, c’est dans ces moments de doute sur nous-même que nous, êtres humains conscients, citoyens du Monde Libre, devons croire encore davantage en nos institutions. Il appartient à chacun d’entre nous de défendre ce que les générations précédentes ont conquis si durement et si chèrement : notre liberté, et plus important encore, notre sécurité. S’il devait exister une utopie en ce monde, ce serait bien le partenariat sans cesse renouvelé de plus de 170 Nations qui, ensemble, ont décidé de se ranger sous un même drapeau, celui de notre Gouvernement Mondial. Car, sans lui, nous pourrions tous et toutes vivre sous le joug de sanguinaires pirates…

Diplômée du prestigieux Institut des Sciences Politiques de Logue Town (EB), Kana D. Kenji est notamment l'auteur de Comprendre les systèmes politiques, un ouvrage dans lequel elle revisite l'histoire des différents régimes incorporés au Gouvernement Mondial.
Elle enseigne en master à l'Institut d'Etudes Politiques de Washin Town (GL) et assure une chronique des évolutions politiques contemporaine dans la revue Commentaire.
Elle participe régulièrement au GrandLine Times depuis 1522.