Frollas, surnommé le 'Joueur du grenier'

Victoire pour le « Joueur du grenier »

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Il domine depuis six mois maintenant la plupart des compétitions dédiées aux jeux. Vainqueur de différents tournois aux échecs, au Go, aux écrevisses, au kamoulox, aux dames, au backgammon, au matheux-giguol, au lettreux, à la belote, au tarot, détenteur du record de vitesse pour l’accomplissement d’un solitaire, d’une foire-fouille et d’un cube magique, tout y passe. Cet homme semble avoir joué à des jeux toute sa vie. Et, ironiquement, c’est à vrai dire son cas.

Nous avons rencontré Frollas à Ruluka (GL), lors d’une énième compétition d’échecs qu’il a dominée de façon outrancière – à tel point qu’il a répondu à nos questions tout en jouant, ce qui a eu le don d’exaspérer ses adversaires. « Je n’ai pas vraiment de mérite », nous explique-t-il en mettant son opposant en échec au Roi, « j’ai passé les 9 dernières années à jouer à tous les jeux du monde. Je n’avais que ça à faire ». Puis de nous regarder, les yeux embrumés, en ajoutant « je me sentais si seul… »

Insensible aux pleurs du petit garçon qu’il vient de battre en 8 coups, Frollas nous raconte son histoire en attendant son prochain adversaire. « Ma grand-mère était une grande joueuse. Moi à l’époque, je n’aimais pas tous ces jeux. Je trouvais ça ringard. Aussi, lorsqu’elle est décédée, mes parents ont décidé de ranger tous ses jeux dans notre petit grenier. Elle avait également toute une bibliothèque uniquement destinée aux différentes stratégies – ce qui était stupide parce qu’elle était gâteuse… Elle dépensait des fortunes pour acquérir des livres de stratégie d’échecs et déplaçait son Cavalier en jetant un dé !!! »

C’est à l’âge de 11 ans que le destin vint frapper à la porte du garçon. Le jeune Frollas venait de gagner une course en sac à la tombola de son école, lui permettant de remporter son poids en biscuits (et, de l’aveu même du petit gagnant « ramener 35 kilos de biscuits à la maison, c’est une plaie, je vous assure »). Empilant les sacs de biscuits dans le grenier afin de libérer de l’espace dans sa chambre, il entendit la trappe se refermer derrière lui. Il eut beau crier, mais rien n’y fit : ses parents ne l’entendirent jamais. Ivre de chagrin après la disparition de leur enfant, le couple laissa bientôt la maison à l’abandon afin de partir à la recherche du petit garçon.

Pour Frollas, une nouvelle vie commençait : il devrait vivre seul, dans un grenier, avec pour seul moyen de subsistance des biscuits et pour seule occupation… des jeux. « C’est pour ça qu’on m’appelle le Joueur du Grenier. Qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre ? J’ai occupé le temps comme j’ai pu. C’est long 9 ans vous savez ! ». Des années de solitude qui ont forgé chez l’homme âgé aujourd’hui de 20 ans un sacré caractère, comme il le démontre en insultant copieusement un adversaire ne jouant pas assez vite à son goût « avant j’étais gentil mais à force… Je m’énervais tout seul à jouer à des vieux jeux de merde. Lorsque vous avez fait le tour des jeux intéressants, il reste ceux qui foncièrement vous énervent. Comme le Boidamboule… Cette saleté de nom de Dieu de Boidamboule! ». Inutile de préciser qu’à présent, notre homme est également une référence dans la maîtrise du populaire Boidamboule.

Pour la beauté du récit, et parce que la vie est parfois bien faite, Frollas nous confiera avoir retrouvé ses parents deux semaines avant notre entretien ! Alors qu’il avait été invité à un championnat de Belotte, le couple présent dans la salle s’est manifesté en pensant reconnaître leur enfant disparu depuis maintenant plus d\’une décennie. Inutile de vous dire que notre Champion, dans un excès de sentiments bien compréhensible, s’est immédiatement précipité vers son père et sa mère afin, sous les yeux d’un public ému, de leur coller à chacun une grande paire de baffes. « On n’a pas idée d’oublier son gamin dans un grenier ! C’est n’importe quoi ! Merde ! », leur aura-t-il lancé, avant de se rasseoir et de remporter le tournoi. Une bien belle histoire.

Originaire du royaume d'Elegia, fils d'un père compositeur et d'une mère chorégraphe, Freddie Taddeï se destine très tôt a une carrière musicale. Etudiant sur l'île Tongari lors la destruction d'Elegia par les pirates du Roux, il connaît suite à cette tragédie une période d'errance et de doute.
L'écriture va lui servir de thérapie et lui permettre de faire le deuil de sa famille. Il entreprend alors des études de lettres et entre en tant que pigiste au GrandLine Times en 1521.
Il est aujourd'hui en charge des pages Culture du journal.